
Comment voit-on la ville dans les prochaines années, à 10, à 20 ans ? Telle est la question qui a ouvert le débat la 8ème rencontre « Imaginons Bruxelles » de ce 9 décembre à Watermael-Boitsfort.
Bruxelles connaît une poussée démographique, comment inscrit-on celle-ci dans les politiques liées au logement, aux écoles, à la mobilité ? Quelle place pour les entreprises, les commerces, les bureaux ?
Selon Christian Lasserre, professeur spécialiste de l’aménagement du territoire à l’UCL, la ville, la démographie et le logement ne sont pas que des problèmes mais aussi et avant tout des potentialités économiques, sociales et environnementales. Il y a une rupture entre la ville des années 1960 à 2000 et la ville des années 2000 à 2025. Cette rupture est de trois ordres : les bureaux ont perdu leur rôle prépondérant ; les heures d’engorgement du trafic se sont étendues ; et il y a eu un sous-investissement dans l’enseignement. Pour le professeur, l’enseignement est sans doute le facteur de développement économique le plus important dans une société urbaine tertiaire qui doit de plus en plus évoluer vers un « quaternaire industriel ».
Ces changements ont mené à une beaucoup plus grande rotation des bâtiments aux friches urbaines et donc, en termes d’outils, à la nécessité d’instaurer un urbanisme du bâti, à transformer l’existant, gérer le « software » plutôt que le « hardware ».
Après avoir fait beaucoup de planification, la Région doit maintenant investir dans l’opérationnel. Les partenariats public-privé, sur des projets de construction liés, sur l’utilisation des charges d’urbanisme par exemple, sont autant de leviers.
Le projet de ville se pose en termes d’infrastructures et en termes de grands ensembles. Quel développement de l’aménagement pour le Pentagone ? Quelle cohérence, quel rôle structurant dans la ville pour la petite ceinture, les gares, le Palais de Justice… ?
La zone du canal et le plateau du Heysel représentent les deux principales possibilités de redéploiement et de développement urbain. En matière de grands projets, Christophe Pourtois, le Directeur du Centre pour la Ville et l’Architecture, a souligné qu’il s’agissait de répondre à la nécessité de rééquilibrer sociologiquement et économiquement certains quartiers et de ramener une population variée sur le territoire régional.
Il a notamment exposé le projet « Neo » envisagé pour le Heysel, qui tend à établir ce nouvel équilibre et développe une vision communale prospective. Le projet est en effet modulable en fonction des besoins futurs afin de ne pas transformer un lieu en un chancre ou un ghetto.
Gaëtan Van Goidsenhoven, Député et Premier Echevin en charge de l’urbanisme à Anderlecht, a souligné l’importance de la zone du canal, épine dorsale du développement à Bruxelles qui doit être une source non de rupture mais de réconciliation urbaine. Le canal doit être un laboratoire d’une urbanité moderne basée sur l’attractivité de la voie d’eau ainsi que sur une mixité de fonctions bénéfique à l’emploi et à la qualité de vie au cœur de la ville.
Ville choisie ou ville subie? Politique de l’urgence ou vision de la ville? Après des résultats qualitatifs et quantitatifs en dessous des attentes par la majorité « olivier », entre autres en termes de création de logements, il faut maintenant répondre à l’enjeu démographique mais aussi doter la ville des moyens d’attirer une « classe moyenne créative », nouveau moteur de la vie en ville.
Une soirée riche en réflexions et en échanges avec le public, venu nombreux une fois de plus au rendez-vous.